UT4M
Très belle performance de Fabien qui réalise un bel exploit en se classant 6ème sur 470 partants et 268 classés à l' UT4M, ultra trail de 170Km avec un dénivelé de 11000M. Temps réalisé: 28:48:39, et réalise un podium 3ème sénior.
Vraiment une excellente performance, félicitations.
Le compte rendu de Fabien:
De retour d'un périple de trois semaines dans les Alpes, un petit article pour partager avec vous notre dernier week-end et ma participation à l'UT4M, l'Ultra Tour des 4 Massifs, au départ de Grenoble et comme son nom l'indique, un trail qui traverse les 4 massifs qui font forteresse autour de cette ville, à savoir le Vercors, l'Oisans, Belledonne et la Chartreuse.
Ce n'est pas si simple de trouver les mots justes pour évoquer une telle expérience, sans vouloir en rajouter ou en faire trop, ça reste un moment à part...
Après mes quelques expériences sur des épreuves plus longues en 2017, je n'hésite pas trop longtemps en février dernier pour m'inscrire sur un véritable ultra, un 160 km, distance devenue référence, qui vient en fait du 100 miles américain !
Pour s'inscrire rien de compliqué, quelques clics sur internet et l'affaire est réglée, et ensuite vient une longue préparation de plusieurs mois avec ce seul objectif en tête, en restant lucide et en prenant toujours un maximum de plaisir. Les mois passent, les semaines, puis on commence à compter les jours. Avec un entraînement « maison » et sans véritable expérience sur cette distance, ma principale interrogation était de savoir si j'avais fait ce qu'il fallait en temps voulu pour réussir et tout en relativisant, ça reste un loisir et le but est avant tout de s'amuser !!
A quelques heures du départ, j'ai toujours du mal à me dire que je pars pour 169 km en montagne, c'est vraiment une fois que le départ est donné vendredi à 16h et qu'entouré des 470 coureurs, je réalise que j'y suis.
Il m'est difficile de vous décrire ces 169 km de course, il se passe tellement de choses...Je me suis juste senti hyper bien, dans une bulle du début jusqu'à la fin, en ne pensant à rien d'autre qu'à gérer et je vous jure qu'il y a toujours plein de petites choses auxquelles penser. C'est un moment entier, intense, dans un environnement dans lequel je me sens complètement épanoui. Dès le départ les sensations étaient bonnes en attaquant la montée sèche dans le Vercors. Une fois rejoint Marie et mes parents sur le plateau pour le 1er et 2ème ravito, on attaque les crêtes au crépuscule et faire un effort dans un tel décor est juste magique. Le rythme est assez soutenu mais j'essaye de garder ma cadence sans me laisser influencer. Une de mes principales appréhensions était la nuit et ça été dur, parfois vraiment dur, courant seul sur toute cette partie de la course et notamment au point culminant de l'Oisans à 2400m où le vent froid soufflait très fort et un épais brouillard ne permettait pas de voir à deux mètres, autant dire que la descente dans le pierrier était assez périlleuse. C'est d'ailleurs après ce passage compliqué que tout aurait pu s’arrêter. A l'approche du ravitaillement du lac du Poursollet, je glisse et chute trois mètres plus bas. Au final rien de grave, je sens juste un peu de sang au niveau de l'arcade, et j'espère juste qu'un médecin ne va pas me dire de m'arrêter au ravito. J'y retrouve Marie et mon père, toujours présents au cœur de la nuit et après plusieurs heures dans le noir que ça fait du bien !! Ce passage de la nuit passée, la suite me semble plus facile et les sensations sont toujours très bonnes. C'est à ce moment que je rejoins deux coureurs pour prendre la 6ème place avant d'attaquer la longue descente vers Rioupéroux, pour passer de 2200 mètres à 350 mètres... C'est aussi ici que se trouve la deuxième base de vie, et on est alors à peu près à mi-parcours. J'essaye de ne pas trop traîner et en même temps de ne pas trop négliger ce moment important. Marie est toujours au top, le papa commence à bailler mais l'équipe tient le choc avant l'attaque du massif de Belledonne, un très gros morceau mais qu'est-ce que c'était beau. Les 1200 mètres pour monter à l'Arselle sont hyper raides mais les premiers rayons du soleil donnent du baume au cœur... A la croix de Chamrousse, une mer de nuages nous offre un spectacle grandiose...Marie est aussi là pour profiter de ce moment matinal et sa présence me rend toujours un peu plus fort. Dans ce massif on attaque un deuxième sommet, le grand Colon, un peu plus de 2400 mètres. C'est du costaud, on est dans la caillasse depuis plusieurs kilomètres, le rythme en prend un coup et les chevilles aussi. Dans la montée de ce sommet, je suis pris d'inquiétude en voyant 5 coureurs derrière moi à un rythme bien plus soutenu ; Ce sont finalement des coureurs du 100 km...
Pour notre part on en a fait déjà 110, et c'est sans doute pour ça que la longue descente vers la vallée du Grésivaudan commence à faire mal aux cuisses. Dans la montée je rejoins le 4ème et 5ème qui court ensemble, mais ils sont meilleurs en descente et je me préserve, il reste encore un bon nombre de kilomètres. A la base de vie de Saint Nazaire les Eymes, les tendons et articulations des chevilles commencent à être un peu douloureuses mais je reste hyper concentré, je sens qu'il me reste l'énergie qu'il faut pour bien finir. Le passage en Chartreuse est aussi magnifique. Les jambes commencent à « piquer » un peu et il faut alors un temps d'adaptation pour que les muscles s'adaptent entre les passages d'ascension ou de descente, qui ne durent pas trop longtemps mais qui font mal...Je sers les dents. Je retrouve mes parents et Marie au Sappey en Chartreuse après ne pas les avoir vus pendant 4h....A partir de là il reste 18 km alors même si ça fait mal on n'y pense pas, on met un pied devant l'autre, on se fait un peu mal dans les transitions et les passages plus techniques. Marie me rejoint à la Bastille pour les 5 derniers kilomètres... il est 20h48, trop content de ne pas passer une deuxième nuit dehors et juste trop content en fait... :)
Ma course s'est sans doute bien déroulée pour plusieurs raisons mais une des principales c'est aussi grâce à l'accompagnement que j'ai eu du début jusqu'à la fin de Marie et mes parents. C'était finalement un vrai boulot d'équipe. Je suis sans doute resté très sobre dans mes émotions ressenties avec eux pendant l'épreuve mais ces attentions étaient motivantes, réconfortantes, encourageantes, chaleureuses et aucune autre personne ne l'aurait mieux fait qu'eux, ils ont toujours eu les mots qu'il fallait au bon moment tout en me laissant dans ma « bulle ». MERCI ;
Et merci à vous aussi les copains du club pour vos messages avant, pendant, après... Je me répète sûrement mais on a une belle passion …